Rappelez-vous, je terminais la précédente publication par un de mes jurons favoris en vous promettant une belle surprise bien glauque 😀
Allez, venez, suivez moi donc …. mais voyons, n’ayez pas peur …. Nous allons LA … un nouveau coupe gorge 😉

Avant d’avancer on va d’abord revenir en arrière , quoi de plus normal, non ?
L’impasse de Nevers passe sous la voûte centrale de ce superbe immeuble en briques rouges


L’entrée de cette impasse est tout bonnement époustouflante. Un arche monumental, un très grand passage voûté sous immeuble.
Lorsqu’on passe dessous et qu’on prend la peine de lever les yeux on se dit (mon juro favori que vous devez connaître maintenant)
Voyez plutôt : sous cette grande voûte on peut y lire un poeme de Claude Le Petit (1668), un poète libertin qui, à l’âge de 23 ans fut brûlé en place de Grèves sans avoir achevé un livredu doux nom « le bordel des muses ».
Nous voyons donc un poeme écrit en vieux français
– La traduction (vous voudrez bien donc me corriger s’il y a des erreurs) est la suivante :
Toi qui va les guêtres traînant
Au long des quais de la rivière
Lis ces vieux vers écris au temps
Où ce beau coin de ton Paris
N’était plus qu’une fondrière
Indigne du bon roi Henry
Faisons ici renfort de pointes
Ce chemin nous mène au Pont Neuf
D’un bon régal de nerf de bœuf
Saluons ces voûtes mal jointes
Vraiment Pont Neuf il fait bon voir
Que vous ne vous daigniez mouvoir
Quand les étrangers vous font fête
Savez vous bien nid de filous
Qu’il passe de plus grosses bêtes
Par-dessus vous que par-dessous
Pourquoi nous faites vous la morgue
Avec ….. Votre nouveauté
Pont en cent endroits rajusté
Tout ainsi qu’un vieux soufflet d’orgue
Vous qui faites compassion
A la moindre inondation
D’où vous vient cette humeur altière
Est-ce à cause que vous avez
Cent égouts dans votre rivière
Et plus d’estrons que de pavé
Claude le Petit
Sans pied, à main levée, mon objectif 18-250 mm de Sigma couplé à mon 7D fait des merveilles … ❤

Nous allons donc (car vous me suivez, j’en suis certaine 😀 emprunter ce magnifique coupe gorge sans peur et sans crainte , marchant droit et fier, sans avoir peur d’être pris en sandwich par une bande de sacripans venant d’un côté et une autre bande arrivant de l’autre ….. car aucune échappatoire n’est possible 😀

Envie de revoir les autres publications de la promenade ?
C’est par ici : cliquez sur les liens en gras
Dans le quartier Saint-Germain l’Auxerrois : >>> partie 1
Dans le quartier Saint-Germain l’Auxerrois : >>> partie 2
Dans le quartier Saint-Germain l’Auxerrois : >>> partie 3
J’aime bien la toute fin de l’impasse … le moment où je réalise que le chemin s’arrête là, qu’il me faut revenir en arrière. Bravo, Yoshimi, et une toute belle journée à vous.
Bonjour Gilles
Il y a vraiment à Paris des tas d’endroits nconnus de la plupart des gens .Pas mal de coupe gorge quand même si on regarde toutes mes promenades, il y en a de bien beaux 😀
Belle journée egalement (pluvieuse à Paris)
Bonjour,
J’ai mis mes pas dans les tiens et je ne le regrette pas.
Les mystères de Paris en somme ☺
Bonjour
C’est gentil de vouloir me suivre ainsi .
Je crois que c’est dans la prochaine publication, mais la maison du coin au bout de l’impasse a une histoire croustillante (on va dire ca comme ca)
Je vais guetter… ☺
C’st un très belle balade comme toujours. Bravo et merci. Bonne semaine
Bonjour
Ravie , une fois encore qu’elle te plaise.
Toujours sympa de se balader avec toi, au coeur de Paris ! Merci de nous faire découvrir ces endroits curieux, parfois charmants, parfois moins comme ce coupe-gorge… mais le poème en valait la peine 🙂
Bonjour
Toujours ravie de voir que ces promenades puissent tant plaire, et qu’on vienne me le dire 😀
En ce qui concerne le poeme; sur place je ne savais absolument pas de quoi il s’agissait. De retour à la maison; j’ai cherché 😀
Encore un Paris un peu anachronique, une impasse à remonter le temps…. pauvre poète, ça semble bien innocent ce qu’il écrivait !
Bonjour Claude
Lorsque je pense maintenant à cette maison dans laquelle il y a un « couloir secret » qui menait à un lieu ou on s’adonnait à des plaisirs charnels … je ne peux qu’imaginer ces religieux qui ….
Bonjour,
Merci de ce beau témoignage et ressenti.
Pour le poème de Claude Le Petit figurant sous la voûte du 1/2/3/4 rue de Nevers voici ce qui vous manque
Paris ridicule et burlesque au XVIIè siècle :
XLII – Le pont Neuf
Faisons icy renfort de pointes :
Ce chemin nous meyne au Pont neuf ;
d’un regale de nerf de bœuf
saluons ces voutes mal jointes !
Vrayement, Pont Neuf il fait beau voir
Que vous ne daigniez mouvoir
Quand les estrangers vous font feste
Scavez-vous bien, nid de filoux,
Qu’il passe de plus grosses bestes
Par dessus vous, que par dessous
XLIII
Pourquoi nous faytes vous la morgue*
Avecque vostre nouveauté,
Pont en cent endroits rapiesté
Et meur comme un vieil soufflet d’orgue ?
Vous qui faites compassion
A la moindre inondation,
D’où vient cette humeur altiere ?
Est-ce à cause que vous avez
Cent égoûts dans vostre riviere
Et plus d’estrons que de pavez ?
C’est ici la composition de l’époque sans accentuation que vous retrouvez sous la voûte avec quelques différences
La réimpression de 1713 marquait déjà :
D’un bon regal de nerf de boeuf
Pont en cent endroits rajusté
Tout ainsi qu’un vieux soufflet d’orgue
* veut dire « pourquoi cette attitude hautaine »
Bonjour
Merci … je n’ai pas eu le courga de le retranscrire ainsi .
J’ai decouvert ce passage exactement comme je le raconte, ne connaissant pas son existence avant.
Merci de votre passage et des explications.